Quelle place donne-t-on au genre féminin dans le numérique ?
La sexualisation des femmes dans le numérique :
Depuis l’ère du numérique nous sommes confronté.e.s à une massification de représentations de la femme qui visent à satisfaire des fantasmes ou à la placer en second plan. On le voit notamment dans les médias sociaux, la publicité en ligne, les jeux vidéo et même les contenus générés par les utilisateurs.
Dans les jeux vidéos de nombreux personnages féminins sont façonnés de manière hyper sexualisé, avec peu de vêtements et des proportions corporelles irréelles. Cela influence le regard sur le corps des femmes et peut entraîner des troubles sur l’estime de soi.
Par exemple, dans Samus Aran la version du jeu datant de 1986, il faut terminer le jeu en moins d’une heure pour “gagner” le droit de voir le personnage sans son armure, la montrant ainsi en bikini en la dénuant de ses capacités ce qui résume à la récompense du joueur par la sexualisation du corps de la femme.
On retrouve également le même cas de figure dans Tomb Raider avec le personnage emblématique de Lara Croft.
On y voit une nouvelle fois un personnage féminin représenté avec des vêtements “minimalistes” et une silhouette sexualisée, surtout dans ses premières incarnations afin de capter l’attention et de rendre le jeu plus commercialement attractif.
Cela s’explique par le fait d’objectifs marketing et d’attractivité commerciale, les développeurs cherchaient à attirer principalement un public précis en exploitant des fantasmes masculins, mais cela ne fait que contribuer à renforcer l’idée que les héroïnes, tout en étant compétentes doivent correspondre à une image hypersexualisée pour attirer l’attention du public.
Il existe également une forme d’injustice auprès des femmes en ligne : le “ cyber-harcèlement”, d’après l’ONU 73 % des femmes dans le monde ont déjà été exposées à une forme de violence en ligne.
Le cyberharcèlement visant les femmes regroupe plusieurs buts :
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Intimider et faire peur avec l’utilisation de menaces directes ou indirectes (violence physique, sexuelle ou de réputation) ;
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Humilier et dégrader par des insultes ou la diffusion de contenus humiliants, le harceleur tente de diminuer la dignité de la victime, en l’attaquant sur son genre, son apparence ou sa vie privée ;
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Contrôler et dominer, le cyberharcèlement est aussi utilisé pour exercer une forme de contrôle ou de domination sur la victime, en cherchant à la faire taire ou à limiter la présence publique en ligne ;
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Isoler socialement, en attaquant une personne publiquement ou en répandant des rumeurs, le harceleur cherche souvent à isoler la victime de son entourage social ou professionnel ;
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Venger ou punir, dans certains cas le harcèlement est motivé par un désir de vengeance souvent après une rupture, une dispute ;
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Renforcer les stéréotypes sexistes, les femmes souffrent souvent de harcèlement en ligne à caractère misogyne, des hommes voulant se sentir supérieurs aux femmes et leur rappeler qu’elles doivent “rester à leur place”, notamment lorsqu’elles s’expriment dans des espaces publics ou dominés par des hommes.
La naissance des réseaux sociaux permet de partager du contenu qui peut viser à nuire aux femmes par la faute de naissances de groupes misogynes malveillants et traditionalistes.
Les memes sont un nouveau langage apparu depuis les premiers forums, ils permettent seulement à ceux qui en ont le sens de comprendre, ils sont souvent utilisés entre groupes d’amis pour faire des blagues précises. Un meme n’est pas forcément compris par tous, il peut cacher des subtilités de compréhension et parfois révéler un prisme sexiste et misogyne.
Lien vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=e9mVfv3b-4E
Par exemple sur de nombreux réseaux sociaux nous pouvons retrouver ce commentaire “Women ☕” tiré du meme ci-dessus, dans lequel deux hommes boivent un café après avoir prononcé le mot “women” d’un ton moqueur.
D’abord censé être humoristique, ce meme exprime aujourd’hui un réel courant de pensée selon lequel toutes les femmes seraient stupides.
La première apparition du commentaire débute en 2017 et s’est propagée de plus en plus, il est souvent posté en dessous de vidéos montrant des femmes dans des situations ridicules et dégradantes.
Il est donc difficile de réguler le sexisme implicite sur les réseaux sociaux, malgré les chartes des réseaux sociaux et les modérateurs qui essayent d’empêcher la prolifération de ce genre de comportements.
La sexualisation des femmes dans l’ère du numérique est le reflet de dynamiques historiques et économiques profondément ancrées, où les corps féminins sont souvent utilisés pour attirer l’attention et maximiser les profits.
Ce phénomène perpétue des stéréotypes de genre et contribue à l’objectification des femmes, la naissance des réseaux sociaux en fait partie et amplifie ce mouvement en laissant un flux libre et immense de contenus qui ne sont pas toujours vérifiés avant d’être mis en ligne.
C’est pourquoi il est important de s’éduquer et de prendre du recul sur le monde qui nous entoure afin de faire changer les choses et que la prise de conscience soit collective.
Sources :
ONU Femmes, rapport de 2020 sur la violence en ligne